crédits : DR.

Manolis Proestakis

Tune Audio, Grèce

Histoire de ne pas s’enfermer dans des principes moraux qui peuvent aussi vite tourner à l’ennui, nous avons affaire cette fois à quelqu’un qui n’en a peut-être pas conscience, mais fabrique, lui, contrairement à Sven d’Audiomanufacture, des enceintes à divorce !


Comme quoi, il y a un monde entre l’helvète et l’hellène !

 

Les Tune Audio sont des choses énormes intégralement à pavillons avant, couvrant toute la gamme de fréquence.

Du haut-rendement, c’est vrai, mais affranchi des verrues sonores de la grande majorité des machins de ce genre.

Alors, oui, une enceinte de Manolis, c’est un peu encombrant et, comment dire, biscornu !

 

Ouais, bon d’accord, c’est gros, c’est moche, c’est bizarre, c’est grec, diront certains (et il ne fait pas bon être grec en ce moment…), où d’autres (incluant RG, enfin moi quoi !) ne seront absolument pas d’accord (même si c’est toujours grec !) et accepteront le parti-pris franchement affirmé de ces sculptures (peu orthodoxes certes), arguant que, d’une manière générale, les grosses enceintes trop chères et nettement moins performantes sont moches et consensuelles alors que les Tune Audio ont du style !


Manifestement le sujet fera débat.

 

Mais Manolis assume. Pire il revendique : quand on lui dit « plus petit peut-être ? Hmmm ? », il répond qu’il prépare un modèle plus gros, plus fou !

(Il prépare quand même un p’tit modèle, n’exagérons rien non plus, si si j’exagère !)

Quand on lui parle d’intégration, il entend désintégration ! Il déstructure l’objet parce que, euh… c’est comme ça que ça marche !, parce que quand on parle musique, il n’y a pas à tergiverser, il est le meilleur : les créations de Manolis, que ce soit l‘incommensurable Anima ou plus modestement l’indescriptible Marvel, sont les reproducteurs parfaits de l’âme musicale ! Eh oui, tout simplement…

 

Car l’expressivité à ce niveau, ça s’appelle les musiciens !


Honnêtement (honnêtement !), pour la première fois en des années de quête, nous avons eu (qui ça nous ??? Ben moi ! Enfin lui ! RG quoi, qui maintenant parle de lui à la première personne, mais du pluriel…) cette sensation unique et bouleversante d’être en présence des interprètes, y compris sur des disques d’orchestre symphonique où l’Anima structure une solide plausibilité dans les placements, les dimensions relatives des musiciens et des jeux de perspectives qui auraient un sens dans une salle de concert ! C’est un choc. C’est probablement un choc pour les musiciens aussi d’être soudain à un endroit qu’ils ne connaissent pas.

Bon d’accord, ça demande une mise en œuvre soignée, ça ne pardonne pas l’approximation en amont et à peine plus en aval (encore que…), ça ne pardonne pas plus une approximation dans l’interprétation (vous ne manquerez pas d’en faire la remarque aux interprètes concernés, vous verrez) mais cette vérité physique, prenante, ce naturel sans équivoque, cette lisibilité des messages, des plus faibles, des plus infimes (en gardant une incarnation physique propre aux grands systèmes full-pavillons), aux plus violents, balayent tous les préjugés qu’on peut avoir en découvrant les objets et leurs particularités esthétiques !

 

Et puis surtout, ça fait pleurer, tellement c’est beau, émouvant, troublant ! Des trucs à divorce, on vous aura prévenus !

 

Et le vrai gag de l’histoire est que, compte tenu des dimensions, des bizarreries de fabrication et surtout de la puissance expressive, de la sincérité physique, des timbres au-delà de la subtilité, de la matière et du grain, des nuances si naturelles, les réalisations de Manolis ne sont carrément pas chères !

 

Ce qui est un bon moyen d’assumer la pension alimentaire ! Tout est prévu on vous dit !