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Staccato & Jolida

Atelier by Staccato, France

Un peu compliqué de parler de ça. Le problème est simple : on décide un jour de se lancer dans une aventure, celle de proposer des enceintes qu’on a découvertes et qui nous ont émus, et puis soudain on est confronté frontalement à ce qu’on a constaté alors qu’on cherchait simplement un équipement pour soi : oui, c’est bien gentil tout ça, j’ai les enceintes, j’ai les sources, j’ai éventuellement trouvé de bons amplis de prix élevés, mais des produits plus abordables, plus universels, bien faits et de bonne renommée, ça jamais ou alors franchement très moyens.

 

Sauf… Sauf chez l’affreux bonhomme - rencontré sur le long périple d’une quête du Graal - qui m’a fait écouter un jour, comme ça, en passant, un ampli qui ressemble à beaucoup d’autres, mais qui ne fonctionne pas du tout comme les autres.

 

C’est tout à coup un monde de sensations, une verve jaillissante de richesses jamais entendues qui s’ouvrent aux oreilles qui n’en croient pas leurs oreilles.

 

On demande à l’affreux bonhomme ce qu’est cet appareil surnaturel, et on entend médusé une réponse du genre : pffrrrmgmeneme…

Après avoir insisté poliment mais fermement pour en savoir plus, monsieur By Staccato ronchonne enfin une explication :

 

- j’en ai marre (j’édulcore (note de RG)) d’écouter des saloperies inutilement chères, alors, comme on aime bien les Jolida, qui une fois bien retubés pour pas cher, chantent avec une justesse qu’on n’a pas connue ailleurs, même sur des trucs illustres et pas cadeaux, on s’est dit, mes petits camarades et moi-même (incluant un technicien hors paire (note de RG)) qu’on allait doper ces vaillants petits amplis et ça donne ce que tu viens d’entendre, c’est-à-dire bien au-delà de notre attente et on ne sait pas très bien ce qu’on doit en faire…

 

- Ben, vendez-les ! (quel humour quand même ce RG ! (note de RG))


- Oui, on le fait, (quel manque d’humour quand même ce tristounet !) mais très localement et à des gens qui acceptent la démarche et que ça n’effraie pas d’acheter un appareil sino-américain, dans lequel on a toute confiance soit dit en passant parce qu’on en a quand même vendus des wagons sans problème en quelques années, qui a été revu et corrigé par nos soins…


- Sublimé même ! (quel tact, ce RG !)


- Oui, ça nous on le sait, mais c’est difficile à faire comprendre à grande échelle, donc ça s’arrête là.


- Faites-en une marque, après tout vous ne seriez pas les premiers à modifier des appareils existants pour les personnaliser, tu m’as parlé de Prima Luna et Cayin par exemple.


- Oui, on nous l’a déjà fortement suggéré, des revendeurs intéressés entre autres ; on y réfléchit…

 

Et vu que ces gens-là mettent toujours beaucoup de temps à réfléchir et que je n’ai pas trouvé de meilleure option, eh bien j’ai pris en l’état et tant mieux si ça devient une marque un jour, parce que ça le mérite !

 

Un petit mot sur les Jolida d’origine : en dépit d’une histoire un peu compliquée, cette marque est quand même une affaire de famille et de passions et fait de bien beaux appareils depuis longtemps, moins frime que beaucoup mais dont les qualités musicales sont au-dessus de la concurrence, ne sombrant pas dans la manie du « plus joli que nature mais c’est vite écoeurant » de la plupart des appareils à tubes.

 

A quoi est-ce dû ? Une compréhension pointue des tubes, des astuces par-ci par-là, des transfos adroitement conçus et réalisés avec des matériaux nobles, qui ne s’égarent pas dans des principes audiophiles inutiles mais vont à l’essentiel… La différence technique entre un bon appareil à tubes et un mauvais est souvent ténue, et dépend beaucoup de l’exigence, de la connaissance mêlée d’intuition et de l’humilité du concepteur.

 

Une affaire d’homme, là encore.