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Marc Lenouvel

Nodal Audio, France

Nodal audio c'est Marc Lenouvel. Tout seul, tout beau.

Au début c'était Marc le technicien et Cédric le commercial, mais Cédric le commercial a choisi une autre destinée, moins branchée ; désormais Marc fait tout, tout seul comme un grand : il conçoit, il fabrique, il distribue, il fait le ménage et la lessive. Mais lui, il nettoie le courant ! Il fait le ménage dans le fouillis électrique !

Alors, c'est qui donc ce gars-là, dont la gouaille normande est encore plus marquée que celle d'Alain d'Absolue, collègue émérite et précurseur ? C'est amusant, somme toute ce parallèle : deux concepteurs normands qui dégoisent comme des normands, non ?

Peut-être que quand on achète un câble, on s'en fiche pas mal (fiche, mâle, câble, vous saisissez l'humour parisien, capitale hautement provinciale) de savoir tout ça, si celui qui l'a fait a un accent ou pas. Je vous en parle en connaissance de cosse, je-moi-même n'ai pour accent que le circon(re)flexe  - déformation professionnelle, photographe j'étais, photographe je reste - et déteste l'accent grave sans l'apesanteur !

Mais voilà : nous on s'intéresse au moins autant aux hommes qu'à leurs créations, et c'est plus à eux qu'on cause.

Bref Marc, avec son accent à couper au couteau, est comme le fils de Lino Ventura et Michel Constantin. Havrais pur mer, le gamin a fait (fui) ses classes sur les docks au pied des grues maritimes ou portiques, fouineur et solitaire, émerveillé et rebelle ; quand ses parents s'échinent dans la boutique, lui rêve à de belles machines.

Amoureux de technique, de technologie, particulièrement curieux de celles qui le dépassent, il explore et creuse sans fin pour (tenter de) comprendre. Fasciné par les beaux objets, les voitures, les platines, les assiettes... amateur d'art, lui-même ne se prétend surtout pas artiste mais revendique une âme d'artiste.

Issu d'un milieu modeste, après un parcours scolaire pas super scolaire, il s'aventure dans divers emplois, avec un diplôme d'électricien en poche consolidé d'un sérieux implacable, et exerce une bonne dizaine de métiers notamment en tant qu'ouvrier hautement qualifié dans l'aéronautique, jusqu'à la crise de la quarantaine (c'est de saison !) où qu'y s'dit "ça suffit Marc, ras-le-bol de se battre avec ou pour les autres, tu vas travailler pour bibi, voilà c'est ça que j'dis moi, et pof".

Il lâche donc un poste pourtant confort pour se lancer dans l'aventure Nodal Audio ; l'ivresse de l'indépendance, la liberté, le travail bien fait, à la maison, quand je veux, sans limite, la joie romantique des factures, les charges, l'URSSAF, la TVA, le bonheur.

Marc est un homme heureux ! Il est gentil (c'est moi qui le dis), il est cubique - un homme carré au carré -, il ne fait aucune concession ; autant dire que, commercialement, pas d'entourloupe, pas de détour, pas de chichi.

Marc est un artisan, perfectionniste, honnête, qui ne supporte pas l'injustice (c'est pas trop le propos certes), la malfaçon : quand on achète une barrette Nodal, on achète à la fois de l'expertise, un travail patient, de la technologie, du savoir-faire, de l'inventivité, du bon sens, et… de l'amour !

Marc sait qu'il ne fera pas fortune dans la hi-fi, mais il s'en fiche (?), il ne veut pas posséder ces fameux modèles d'autos dont il s'inspire pour ses finitions. Marc sa fortune - outre sa famille je présume -, c'est son enthousiasme, sa passion (oui je l'ai dit), pour le travail bien fait et sans doute a-t-il comme seul besoin (avec un peu de brouzouf tout de même) d'une certaine reconnaissance, qu'il n'avouera pas, par modestie.

Quand on branche une de ses barrettes, on fait vroum vroum, surtout si on l'enfourche, et on se dit que, enfant, on aurait aimé être son poteau pour voyager autour des cargos.